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Nutrition

Organisation Mondiale De La Santé : qu’est ce que c’est ?

Attribuer l’obésité à la goinfrerie des personnes qui en sont atteintes serait trop simpliste et ne correspondrait pas à la réalité. Seule une minorité d’obèses sont d’incorrigibles gloutons. Mais alors qui sont les vrais coupables ? Certains mécanismes biochimiques provoqueraient une prise de poids importante et parfois totalement incontrôlable…

Les institutions de santé publique et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en tête estiment que la première cause d’obésité est la surconsommation d’aliments riches en graisses et en sucres associée à un mode de vie exagérément sédentaire. Manque d’information et de connaissances en matière de diététique, conditionnement alimentaire par la publicité, abondance des produits transformés, manque de temps, facilité, compensation… Les causes de nos mauvaises habitudes alimentaires sont multiples et se multiplient. Elles ne sont pas les seules responsables.

Certaines personnes connaissent des perturbations des mécanismes de l’appétit et de la satiété. C’est l’hypothalamus* qui génère la sensation de faim et du rassasiement. Cette partie du cerveau est sensible aux modifications de la glycémie. Si après une période de jeûne, le taux de sucre sanguin est trop bas, l’appétit s’éveille. En revanche, quand le taux de glucose sanguin revient à la normale une sensation de rassasiement apparaît et l’appétit s’éteint. La personne en bonne santé dont le régime alimentaire est sain et équilibré, doit en principe pouvoir conserver son poids simplement en obéissant à ces sensations alimentaires. Mais divers facteurs peuvent détraquer ce mécanisme naturel et provoquer la prise de poids. Par exemple, il ne faut pas sous-estimer l’impact des facteurs psychologiques amenant certaines personnes à manger plus qu’il n’est nécessaire : les troubles du comportement alimentaire comme la boulimie, le grignotage compulsif mais aussi à l’inverse, l’anorexie, sont des maux en progression.

Il existe aussi diverses explications physiologiques du surpoids et de l’obésité. D’après certains scientifiques, le « seuil » de l’appétit serait fixé trop bas chez les personnes ayant tendance au surpoids, de sorte qu’elles auraient faim plus tôt et plus longtemps. D’autres ont mis en lumière certains dysfonctionnements des « interrupteurs » chimiques déclenchant ou inhibant l’appétit. Ces anomalies sont parfois inscrites dans le génome : une meilleure compréhension des facteurs génétiques réversibles permettra dès lors de réaliser des avancées importantes en matière de traitement de l’obésité.

La recherche scientifique a aussi pu mettre en lumière certains mécanismes complexes de la biochimie cellulaire à l’origine des prises de poids « boule-de-neige ». Une équipe de chercheurs de l’Université de Monash en Australie a découvert qu’une résistance à la leptine constitue un facteur-clé dans l’apparition de l’obésité. Cette hormone est produite par notre organisme en réaction à une augmentation des dépôts graisseux. Par son action sur l’hypothalamus, la leptine nous transmet l’ordre d’accroître nos dépenses énergétiques et de réduire l’absorption de calories: elle joue donc un rôle fondamental dans la régulation du poids corporel. L’étude en question publiée dans Cell Metabolism démontre que le surpoids provoque une résistance à la leptine.

Une autre étude menée par l’Institut Karolinska en Suède et publiée dans la revue Nature établit un lien entre le dysfonctionnement des cellules adipeuses (ou « adipocytes ») et l’obésité, le diabète et certaines anomalies des lipides sanguins. Chez les personnes obèses, ces cellules auraient une capacité accrue à stocker les graisses et une capacité réduite à les déstocker. Ainsi, la surcharge pondérale provoquerait un dérèglement du métabolisme des graisses accélérant la prise de poids. Les chercheurs ont pu déterminer que chez les personnes de corpulence normale, les graisses sont renouvelées en moyenne 6 fois pendant les dix années de vie d’une cellule adipeuse. En revanche, chez les personnes obèses et chez les personnes au stade préliminaire du diabète (en état de résistance à l’insuline), les cellules graisseuses ne sont pratiquement pas renouvelées et par conséquent, s’accumulent. Les résultats étaient similaires chez les personnes souffrant d’hyperlipidémie, une maladie congénitale très répandue caractérisée par un taux élevé de cholestérol et de triglycérides dans le sang : l’inhibition du déstockage des graisses provoque une augmentation constante des concentrations de ces lipides sanguins néfastes pour la santé cardiovasculaire.

* L’hypothalamus agit sur l’organisme de diverses façons : il régule la température corporelle et le cycle du sommeil. On constate aussi une relation étroite entre cette région du cerveau et diverses hormones. L’hypothalamus est aussi le « centre du plaisir ».

Si la taxation de la malbouffe ne s’accompagne pas d’efforts éducatifs ciblés et d’un usage approprié des moyens qu’elle va dégager, elle a peu de chances de contribuer réellement à lutter contre le surpoids et l’obésité. La dissuasion par le prix est insuffisante et dans une certaine mesure, injuste. Un changement durable du comportement et des habitudes alimentaires nécessite une stratégie multiple.

En ces temps de crise économique aiguë, il n’est pas sûr qu’une nouvelle ponction fiscale soit populaire même si elle vise avant tout les géants de l’industrie agroalimentaire. Selon un sondage réalisé la semaine dernière par le journal canadien francophone Le Devoir, l’idée d’une taxe sur la malbouffe est largement rejetée au Québec : 66 % des personnes sondées n’en voudraient pas. D’après les experts, seule une taxe minimale poursuivant un objectif de santé publique clair et sans ambiguïté au bénéfice de groupes spécifiques de la population comme les enfants, a une chance d’être soutenue par l’opinion publique.

Il faudra aussi s’attendre à une levée de boucliers des principaux concernés : les grands acteurs de l’industrie agroalimentaire qui défendront bec et ongles le statu quo, au nom de la liberté d’entreprendre, de la liberté de choix des consommateurs, au nom du maintien de l’emploi et du refus de l’interventionnisme étatique. Des campagnes de lobbying et de contre-information sont à prévoir. Les décideurs politiques parviendront-ils à prendre des engagements clairs et à faire preuve de fermeté et de ténacité ? Rien de moins sûr. Il a fallu des dizaines d’années pour dompter l’industrie du tabac.

Qui sera visé par une éventuelle future taxe sur la malbouffe? Les consommateurs, les fabricants ou les deux ? Le consommateur ne trinque-t-il pas déjà assez comme cela ? Nous l‘avons dit, une hausse des prix à la consommation ne produira pas d’effets spectaculaires dans le comportement alimentaire. En revanche, viser principalement l’industrie agroalimentaire produirait des résultats plus probants à long terme, l’approche du bâton et de la carotte en encourageant l’orientation vers davantage de production d’aliments sains et naturels.

Le problème du surpoids et de l’obésité est complexe et requiert des approches multiples. La taxation seule ne suffira pas. Celle-ci devrait être envisagée parallèlement à une série de restrictions sur la publicité commerciale pour les aliments transformés et les fast food et une restructuration des subventions à l’agriculture. Il ne suffit pas de chercher à réduire la consommation de malbouffe, encore faut-il promouvoir les alternatives. Cela pose la question de l’attribution des revenus d’une éventuelle taxe sur la malbouffe. L’argent récolté ne doit pas finir dans la caisse commune où il servira à boucher les trous des autres budgets ou à la construction de routes ou l’engagement de policiers, par exemple. Il doit être alloué spécifiquement et exclusivement à la lutte contre le surpoids et l’obésité: campagnes de sensibilisation et d’éducation à grande échelle dans des environnements ciblés comme les écoles, les cantines publiques, aides à l’agriculture biologique ou à la production d’aliments transformés sains…

L’impact réel d’un système de taxation des aliments malsains est relativement peu documenté actuellement. Certaines études tendent à démontrer qu’il serait inévitablement inégalitaire et affecterait surtout les catégories socio-économiques les plus pauvres de la population. Dans une étude publiée dans Public Health Nutrition en octobre 2005, des chercheurs de l’Université d’Oxford au Royaume-Uni ont estimé que la meilleure option était d’orienter les moyens tirés de cette taxe vers des actions et initiatives dans les structures collectives comme les écoles, les cantines et les lieux de travail: c’est là qu’elles auraient le plus de chances de modifier durablement les comportements alimentaires.

Taxer la junk food, le trop gras, le trop sucré ou le trop salé, encadrer la publicité sur les produits alimentaires et responsabiliser les pouvoirs publics et l’industrie agroalimentaire: voila les pistes proposées par l’Organisation Mondiale de la Santé* pour combattre la véritable épidémie d’obésité qui frappe l’Occident et se propage comme une trainée de poudre jusqu’aux pays en voie de développement.

Le problème est de taille, c’est le cas de le dire : on compte aujourd’hui plus d’1,5 milliards de personnes en surcharge pondérale dans le monde, dont au moins 500 millions sont obèses. Certains pays, parmi lesquels les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, la Chine ainsi que les pays d’Europe de l’Est et du Moyen Orient ont connu une véritable explosion du phénomène ces dernières années. Les pays en voie de développement ne sont pas épargnés. Selon l’institution genevoise, l’obésité infantile est devenue l’un des défis majeurs de santé publique du siècle qui débute. En effet, l’OMS estime qu’on pouvait dénombrer dans le monde en 2010, près de 43 millions d’enfants en surpoids ou obèses, âgés de moins de cinq ans. Ces chiffres sont en constante progression et les prévisions sont pessimistes : on prévoit 60 millions d’enfants de moins de cinq ans en surpoids ou obèses en 2020.

La malbouffe combinée à la sédentarité constitue la cause principale de l’hypertension, de l’hyperglycémie, de l’hyperlipidémie, de la surcharge pondérale et de l’obésité. Elle est le premier responsable de maladies chroniques comme le diabète. L’OMS estime que globalement, 2,7 millions de décès peuvent être attribués à une consommation insuffisante de fruits et de légumes et 1,9 million de décès, au manque d’exercice physique.

L’impact positif des taxes sur le tabac et des restrictions sur les lieux de sa consommation ne fait plus aucun doute. Mais en matière alimentaire, les initiatives sont encore rares et il est trop tôt pour juger de leur efficacité. Le Danemark a été le premier état au monde à imposer une ‘ « fat-tax » en octobre 2011 : d’un montant de 16 couronnes par kilo de graisse saturée, cette taxe vise les aliments comme le beurre, le lait entier, la viande et les produits transformés. Peu de temps après, en septembre 2011, la Hongrie introduisait une mesure similaire surnommée « la taxe hamburger » s’attaquant aux sodas et autres boissons gazeuses, pâtisseries, chips et exhausteurs de goût artificiels… D’autres initiatives ciblant des catégories précises de produits ont été mises en application depuis un certain temps dans plusieurs Etats américains comme l’Arkansas, Washington State et le West Virginia qui taxent les sucreries, la gomme à mâcher et la crème glacée.

Dans les pays les plus touchés par l’épidémie d’obésité, les pouvoirs publics et les ONG spécialisées multiplient les campagnes d’information et d’éducation, ciblant en particulier les écoles. On se souviendra des images diffusées en février dernier par toutes les télévisions américaines de Michelle Obama enchaînant des mouvements d’aérobic en compagnie d’un groupe d’enfants : c’était à l’occasion du deuxième anniversaire de « Let’s Move », une initiative présidée par la première dame, à laquelle ont été associés de nombreux sportifs de haut niveau, visant notamment à promouvoir auprès des plus jeunes une alimentation saine et une activité physique plus soutenue. Aux États-Unis, près d’un enfant sur trois est en surpoids et 17% sont obèses.

Fruit de deux ans de consultations aux quatre coins du globe, la stratégie mondiale* de l’OMS répond à la demande faite en 2002 par les États membres d’élaborer un plan de lutte contre les maladies non transmissibles. Au cours des derniers mois, son élaboration a suscité de vives réactions de la part de l’industrie agro-alimentaire, de celle des boissons gazeuses et sucrières qui ont fait pression pour que disparaissent du texte les références au sucre, à une éventuelle taxation ainsi qu’à la remise en question des pratiques commerciales. Heureusement, sans succès.

* La version finale de la « Stratégie Mondiale pour l’Alimentation, l’Exercice Physique et la Santé » a été présentée à l’Assemblée des membres de l’Organisation Mondiale de la Santé qui s’est réunie à Genève du 17 au 22 mai 2012.

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