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Nutrition

Accro à La Nourriture : qu’est ce que c’est ?

Impuissance devant la nourriture, appétit incontrôlable, grignotage compulsif, fringales injustifiées, festins consommés en secret. Ou bien : jeûnes imposés, obsession des calories, vomissements provoqués…

La boulimie et l’anorexie constituent deux formes opposées de dépendance à la nourriture. Les personnes qui en souffrent ont parfois des profils très différents : elles peuvent avoir énormément de poids à perdre, au point de mettre leur vie en danger, être maigres, voire squelettiques ou avoir un poids qui correspond aux normes.

Certaines sont obsédées par le poids, la taille et la forme de leur corps et les régimes amaigrissants ; d’autres  consomment diurétiques, laxatifs, pilules et autres injections de façon inadéquate ou excessive. Les comportements pathologiques incluent aussi l’excès d’exercice physique, se faire vomir après avoir mangé, mâcher de la nourriture pour la recracher ensuite…

Chez les personnes dépendantes à la nourriture, appelées parfois aussi les « outremangeurs », la nourriture est une obsession : elles y pensent tout le temps. Manger est une récompense, un réconfort, un rituel ou une punition. Même si elles réussissent sporadiquement à contrôler leurs habitudes alimentaires, elles sont incapables de cesser de manger de façon compulsive.

Voici les indices qui permettent d’évaluer si vous souffrez d’un problème de dépendance à la nourriture :

  • Vous mangez quand vous n’avez pas faim
  • Vous accordez trop de temps et de pensée à la nourriture
  • Vous avez des fringales sans raison apparente
  • Vous éprouvez un sentiment de culpabilité, des remords après avoir trop mangé
  • Vous mangez de façon raisonnable devant les autres, vous rattrapant plus tard quand vous êtes seul
  • Vous espérez avec plaisir et anticipation les moments où vous pourrez manger seul
  • Vous préméditez d’avance l’assouvissement de vos fringales secrètes
  • Votre poids affecte votre façon de vivre votre vie
  • Vous mangez pour fuir les difficultés et les ennuis
  • Vous avez suivi un régime pendant une semaine ou plus, avec pour résultat la déception de ne pas avoir atteint votre but
  • Vous éprouvez du ressentiment face aux personnes qui mettent en cause votre volonté d’arrêter de trop manger
  • Malgré l’évidence du contraire, vous affirmez que vous pouvez suivre un régime quand bon vous semble, par vous-même
  • Vous avez un grand désir de manger à des moments définis du jour et de la nuit en dehors des heures de repas
  • Un médecin vous a déjà traité pour un problème de poids
  • Votre obsession pour la nourriture vous rend ou rend les autres malheureux

Les émotions sont l’ennemi numéro un de la personne dépendante : les drogues de toutes sortes et les comportements compulsifs l’aident à fuir ses émotions et la réalité qui l’entoure.

Les neurobiologistes décrivent les émotions comme des interprétations par le cerveau de nos réactions instinctives au monde qui nous entoure (attaque, fuite ou soumission), la colère nous aidant à défendre notre intérêt et notre dignité ; la peur nous encourageant à discerner les dangers ; la tristesse nous poussant à nous séparer du passé ; la culpabilité construisant notre conscience ; la joie nous indiquant que tout va bien ; et la honte, nous apprenant que nous ne sommes pas tout-puissants. Sans toutes ces émotions complexes, nous serions incapables de communiquer.

Alcoolisme, tabagisme, toxicomanie, anorexie, boulimie, automédication compulsive, addiction au chocolat, au jeu, au sport, au travail… Les dépendances seraient toutes associées à une hypersensibilité, à une fragilité émotionnelle. Pour la personne dépendante, il est difficile voire impossible de faire face à ses émotions. Elle cherche à les fuir ou à les occulter par l’usage d’une drogue.

Souvent les addictions expriment des hontes inconscientes, une expérience ancienne douloureuse et niée : le comportement autodestructeur traduit une pulsion à se faire du mal, à se punir.

La colère révèle une incapacité à assumer ses désirs et ses besoins d’adulte. Le dépendant peut apparaître très contrôlé, patient, puis soudain agacé, irritable… Parfois la colère est le résultat d’une expérience vécue comme une violence ou une souillure (viol, inceste…) non exprimée et enfouie au plus profond de soi.

La personne dépendante souffre d’un sentiment d’insécurité permanent et ses choix sont pour la plupart motivés par la crainte : peur du manque, peur de la solitude, peur de la relation à autrui, peur de ne pas être à la hauteur, peur du vide, peur de la souffrance, peur du changement, peur d’être abandonné… Par son comportement, elle exprime de vieilles insécurités d’enfant.

Une émotion n’est en elle-même ni positive ni négative : elle est impossible à contrôler. Mais la nier ou la combattre lui donne davantage de force et de pouvoir. Reconnaître et accepter ses émotions, cela aide à renforcer la confiance en soi. Pour ne plus en souffrir, il faut arriver à lâcher prise, à se détacher de ses émotions. C’est l’objectif d’une psychothérapie ou de certaines techniques de méditation, par exemple.

L’incapacité à prendre soi-même des décisions fermes pour sa propre santé se retrouve dans l’alcoolisme, l’addiction au jeu, la toxicomanie, mais aussi dans les troubles du comportement alimentaire comme la boulimie et l’anorexie.

Le manque de confiance en soi de la personne dépendante, souvent maquillé ou refoulé, constitue le premier frein à toute demande d’aide. Les fausses demandes d’aide à l’entourage familial, à un ami ou à un thérapeute sont monnaie courante. Difficile aussi de franchir le mur du déni : la personne dépendante s’est habituée à vivre dans une totale illusion. Dans beaucoup de cas il semble bien qu’il lui faille attendre de « toucher le fond », d’en avoir assez de la souffrance et de la douleur, d’atteindre une sorte de « maturité spontanée » pour guérir du mal qui la ronge (beaucoup de toxicomanes « guérissent » après l’âge de 35 ans). A ce moment, la personne dépendante ressent du dégoût, une lassitude totale : elle contemple l’échec de sa vie, son incapacité à agir, son état de santé, l’isolement dans lequel elle vit… D’après les psychologues, ce moment rapproche autant de la vie que de la mort : en finir semble parfois la solution la plus simple.

Le déclic salutaire qui amorce la guérison est souvent provoqué par un événement inattendu, une séparation, une rencontre, un deuil, un déménagement, une naissance… L’étape suivante sera de consulter un psychothérapeute ou un psychanalyste, et/u de rejoindre une communauté thérapeutique ou un groupe de parole. Un programme de rencontre avec d’autres personnes ayant traversé une épreuve similaire est souvent très bénéfique. C’est le principe des Alcooliques Anonymes, des Weight Watchers ou des Outremangeurs Anonymes, par exemple. Regarder vivre « normalement » d’anciens alcooliques, côtoyer des boulimiques qui n’ont pas connu de crise depuis des années, cela encourage et ouvre la perspective d’un avenir sans drogue.

Le sevrage constitue l’étape-charnière la plus douloureuse : la personne dépendante veut arrêter de boire, de fumer, de manger trop de sucre, de jouer, mais le manque physique et psychologique qui accompagnent la suppression de la « drogue » produisent parfois une souffrance insoutenable. Les rechutes sont inévitables mais porteuses d’enseignements.

Malgré que son importance soit contestée par certains thérapeutes, l’abstinence est généralement indissociable d’une transition vers une vie nouvelle. Mais ce concept a de sérieuses limites. En effet, l’abstinence est facile à mettre en œuvre lorsque la drogue est l’alcool, le tabac, les médicaments ou d’autres produits modifiant le comportement. Mais que doit faire le boulimique ou l’anorexique ? Dans ces cas, il s’agit de s’abstenir de compulsions, donc de (re)trouver un équilibre, une modération dans le rapport à la nourriture.

Même guéri, un ancien dépendant doit rester vigilant car un train peut en cacher un autre… En effet, il n’y a pas seulement le danger de rechutes. L’ancien dépendant est aussi et surtout susceptible de s’accrocher à n’importe quel (autre) produit qui modifie l’humeur. Ne l’oublions jamais : ce n’est pas tant la drogue qui crée l’addiction que l’expérience de son effet. C’est pourquoi la seule voie sûre vers la délivrance est d’oser faire face à ses émotions et ses angoisses, d’oser arrêter de chercher la solution à ses troubles intérieurs à l’extérieur de soi. Pour cela, une psychothérapie ou une psychanalyse semblent des solutions adaptées.

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